Thônes (Haute-Savoie) situé dans le Massif des Aravis au carrefour des vallées du Fier et du Nom, occupe une situation géographique privilégiée, qui depuis longtemps lui confère un rôle de centre administratif et économique. En 1872, Thônes eut une population de 2.770 habitants (2013 : 6.185). L’agriculture représente le secteur traditionnel du pays de Thônes. Le Reblochon est peut-être le produit le plus connu et le plus réputé. A partir de 1898, le tourisme est devenu un pilier complémentaire et incontournable pour la vie dans le pays de Thônes.
Vu le profil de ce bourg savoyard, il est assez remarquable de trouver une lettre de Thônes pour la Nouvelle Orléans écrite et postée en 1871.
Le voyage de la lettre : Lettre (1° échelon) de Thônes pour la Nouvelle Orléans par la voie d’Angleterre (mention manuscrite et en plus, à gauche « paquebot anglais ») affranchie de l’émission Empire lauré (YT n° 32, 80c) plus de l’émission Cérès de Siège (YT n° 38b, 40c). Le port total de 1,20 F est conforme au tarif du 1er juillet 1871 (timbre « PD » en rouge, payé à destination). Le timbre à date rouge « New York / PAID ALL » indique que l’affranchissement couvre la totalité du parcours. Le tampon « 2 cents » (en rouge) correspond au reversement du Royaume Uni aux Etats Unis pour couvrir le transport intérieur. Les timbres-poste sont oblitérés par le timbre GC (gros chiffres) 3978 (numéro du bureau de Thônes attribué en 1863), et la lettre est datée par le timbre à date à simple cercle (type T16) de Thônes, 1E levée du 6 novembre 1871. Elle a passée Annecy, le 7 novembre (timbre à date type T17 d’Annecy au verso), et a été acheminée à Calais par le 1° service du bureau ambulant Paris à Calais (service supplémentaire dit « de jour »), le 8 novembre, et arrivée à New York, le 19 novembre.
La famille Avet
La lettre est adressée à Madame Joseph Avet. Au site de la ville de Thônes, on peut trouver la biographie de Monsieur Joseph Avet. Nous citons :
« Joseph AVET né le 27 août 1811. Joseph Avet appartenait à une vieille famille de Thônes. Son père, Jean-François dit Cadet, exerçait la profession de marchand tanneur sous les arcades et retirait de ses activités une honnête aisance qui lui permettait d’élever une famille de six enfants dont Joseph était l’aîné. Après ses classes d’instruction primaire, Joseph poursuivit sa scolarité au Collège de Thônes puis sans doute à Annecy. En 1831, il tirait un mauvais numéro (le 43) le désignant pour effectuer son service militaire, mais son père lui payait alors un remplaçant. Dans les années qui suivirent, il quitta la terre savoyarde pour s’en aller à Paris. Ayant trouvé un emploi de répétiteur ou de professeur dans la capitale à l’institution Saint-Victor, Joseph Avet y rencontra M. Hippolyte Pargoud, d’Albertville, qui avait déjà réalisé une grande fortune en Louïsiane, à l’exemple de ses oncles Girod — M. Avet se décida à partir pour la Nouvelle-Orléans (1837). Selon le chanoine Pochat-Baron: «Après avoir travaillé quelque temps au service des autres, il se lança pour son propre compte dans la grocery, c’est-à-dire dans le commerce de l’épicerie et de toutes sortes de marchandises. » Avec une inlassable persévérance, il réussit, dit L’Abeille de la Nouvelle-Orléans, à gagner une fortune assez importante qui lui permit de vivre confortablement dans sa résidence de la rue de l’Esplanade et de faire plusieurs voyages en Europe et plus précisément à Thônes sa ville natale, avec laquelle il avait gardé des liens affectifs et familiaux. »
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