Contexte historique: Le transport du courrier en royaume de Sardaigne était un monopole royal soumis des réglementations restrictives et des normes sévères. La première réglementation de la Poste sarde imposée par Carlo Emanuele di Savoia date du 19 septembre 1772.
La première annexion de la Savoie par la France fin 1792 met fin à l’administration sarde : La Poste devient française et enfin, les règles napoléoniennes s‘appliquent. Les marques postales à la française et les tarifs postaux français sont des signes bien visibles de cette transformation.
Après la défaite de Napoléon 1er, les deux traités de Paris (30 mai 1814 et 20 novembre 1815) rendaient au roi Victor-Emmanuel 1er sa province de Savoie dans sa presque totalité. Au 31 décembre 1815, toute la Savoie est de nouveau sous la coupe de l’administration sarde.
La Poste sarde continue d’utiliser les marques françaises, mais les receveurs grattent l’indicatif des départements. Surtout, on met fin aux règles napoléoniennes. La réglementation sarde de 1772 est rétablie et reste en vigueur jusqu’au 12 août 1818 quand une nouvelle réglementation est promulguée. Le 1er janvier 1819, la tarification de 1772 est remplacée par la nouvelle tarification du 25 septembre 1818.
Exemple : Lettre d’Annecy écrite le 9 avril 1816 pour Lyon, marquée par la marque française grattée « ANNECI », affranchie jusqu’à la frontière française (taxe sarde de « 2 » soldi (au verso (1), à noter : le chiffre 2 n’est plus écrit à la française), tarif du 19 septembre 1772, rétabli 1816 – 1818) et marquée à Pont-de-Beauvoisin par un paraphe à la plume (au verso (2)).
A noter :
- La frappe de la marque française non grattée d’Annecy est connue en janvier 1816. Le 27 janvier 1816 est la date connue de la première frappe de la marque française grattée d’Annecy. Elle a été en service jusqu’en 1829.
- Cette lettre n’est pas encore datée (à voir 1818 : les timbres à date linéaires).
- La lettre a voyagée avant la première convention franco-sarde conclue le 28 juin 1817 et mise en exécution le 1er janvier 1818.
La lettre est taxée « 4 » (décimes) certainement par le bureau français à Pont-de-Beauvoisin. La taxe est conforme au tarif français de 1806/1810 : 4 décimes pour une distance de 101 à 200 km et un poids inférieur à 6 g. La Poste française a taxé le parcours total d’Annecy à Lyon, une habitude appliquée à la correspondance sarde jusqu’à la mise en vigueur de la première convention franco-sarde, le 1er janvier 1818.
Sous la marque ANNECI, se trouve le début d’un « 4 » annulé par un trait. Pourquoi ? Seul le postier qui a apposé la taxe pourrait nous répondre !
La lettre est arrivée le 14 avril 1816 à Lyon (au verso (3) : chiffre-timbre rectangulaire « 14 » en noir).
Le contenu de cette lettre (en bas) : Par cette lettre, le « Noble Syndic de la ville d’Annecy, président de l’administration des Hospices » prie les « Messieurs de l’Administration des hospices de Lyon » de « nous faire savoir si nous pouvions obtenir deux sœurs hospitalières de l’hôpital de Lyon, sachant lire et écrire… ».
Source : Vollmeier, Paolo (ed.) : Storia Postale del Regno di Sardegna dalle Origini all’Introduzione de Francobollo, volumes I, II, III, Castagnola (Suisse), 1985.